La Marseillaise| Article de Emmanuelle Strange

Pourquoi les analyses de l'air réalisées par Analytika n'ont-elles pas été rendues publiques ? Pierre Bouldoire, le maire qui a commandé et financé cette étude, s'explique.
Pourquoi la Ville n'a-t-elle pas rendu publics les résultats, jugés « préoccupants », de l'étude sur l'air muscatier réalisée, fin 2015 et début 2016 par le laboratoire Analytika. L'association ARZF (Action Risque Zéro Frontignan), qui exerce une vigilance citoyenne sur tous les sites industriels potentiellement polluants, se pose la question. Son président Gérard Chaput a ainsi écrit au maire le 7 février dernier pour lui demander des explications complémentaires sur ces analyses qui révèlent la présence d'un grand nombre de contaminants organiques volatils toxiques d'origine industrielle et sur les dispositifs prévus pour protéger la santé publique et l'environnement.
« Cette étude, c'est la Ville qui l'a commandée et payée (8 000 euros), rappelait Pierre Bouldoire, lundi en conférence de presse. Nous n'avons pas choisi Analytika par hasard. Ce laboratoire, qui avait déjà réalisé une étude sur le site de Lafarge pour l'agglo, recherche de nombreuses substances et n'est à l'évidence pas vendu aux industriels.
L'objectif était de mesurer la qualité de l'air avant et pendant les tests de dépollution par biopiles du site de l'ancienne raffinerie Exxon-Mobil. » Sauf que les résultats ont été surprenants avec une qualité de l'air moyenne à mauvaise avant les tests et plutôt bonne pendant. « Les fluctuations météorologiques, en particulier le vent, influent sur les résultats et il est difficile d'identifier l'origine des pollutions, confie l'entourage du maire. Nous avons donc commandé une autre étude à Air-LR, dont le rapport rendu en novembre est moins alarmant. »
La Ville a ensuite transmis les deux documents aux autorités compétentes, à savoir la Dreal et l'agence régionale de santé (ARS), afin de mieux cerner les risques pour la population et les mesures de protection à mettre en place. « Cela peut donner le sentiment qu'on cache quelque chose mais avant de médiatiser des documents, techniques, difficiles à décrypter et susceptibles d'effrayer la population, nous voulions être sûrs des éléments fournis. »
Pas d'étude épidémiologique possible à l'échelle communale
Des soupçons de dissimulation que le maire regrette au vu des efforts déployés par la commune depuis des années auprès des pétroliers (BP et Exxon-Mobil), des industriels et même des services de l’État pour limiter la pollution.
Ainsi fin 2015 et début 2016, l'édile a interpellé le préfet au sujet de la pollution de l'air sur le site Lafarge. Sans réponse. En octobre dernier, il a à nouveau écrit au représentant de l’État pour lui demander de remettre en place le dispositif de surveillance de l'air sur le site de l'ancienne raffinerie. Requête refusée. De même, en juillet 2016, il a sollicité l'ARS pour obtenir les éléments sanitaires nécessaires à une étude épidémiologique sur le territoire de la commune. L'objectif étant de voir si certaines maladies peuvent être liées à une exposition à des toxiques chimiques. Là encore, la demande a été rejetée car « de tels indicateurs ne sont pas disponibles à une échelle communale ».
C'est bien dommage.
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