Le Midi Libre| Article de Isabelle Jupin
Environnement. Réagissant aux conclusions du laboratoire Analytika concernant la qualité de l’air, l’association ARZF dénonce « le silence assourdissant » des pouvoirs publics.
Suite à son assemblée générale, l’association Action risque zéro Frontignan (ARZF) a réuni son nouveau conseil d’administration et déclare, dans un communiqué, qu’elle « ne lâche pas le
morceau sur la question de la pollution de l’air révélée par les analyses effectuées autour du chantier expérimental biopiles de dépollution de l’ancien terrain de la Mobil ». (CF communiqué de presse intégral de l'association ARZF).
À la demande de la ville, en effet, le laboratoire indépendant Analytika a procédé à des analyses de l’air, en décembre 2015 et en février-mars 2016, dans le centre-ville qui ont révélé une contamination chimique (ML du 3 février reproduit ci-dessous). « Ses résultats ont été délivrés le 18 mai 2016 et... passés sous silence » jusqu’à ce que Midi-Libre, alerté par des membres du Collectif environnement Frontignan, en dévoile l’existence.
ARZF s’interroge : « Entre le silence assourdissant des administrations d’État et du préfet de l’Hérault, les démarches et les explications données par le maire (ML du 20 février et du 5 mars), personne ne répond à la seule question qui intéresse les Frontignanais : l’air que nous respirons est-il, oui ou non, contaminé de manière permanente par des substances chimiques au point de faire courir un risque de santé aux populations ? »
La pollution n’a pas été causée par le chantier
L’association relève, fort justement, que cette contamination chimique « a été mise en évidence par des mesures effectuées avant le début du chantier de dépollution. Elle n’a donc rien à voir avec lui. Les autres mesures effectuées pendant le chantier n’ayant rien révélé en raison d’un changement du régime des vents, Analytika n’a pas apporté à la ville ce qu’elle attendait de cette mission : la preuve que toutes les précautions n’avaient pas été prises autour des essais de dépollution des anciens terrains de la Mobil. Faute de pouvoir faire cette démonstration, on a gardé les analyses sous le coude en attendant d’obtenir celles de l’organisme de contrôle officiel du chantier, Air Languedoc-Roussillon. Son rapport n’est arrivé que tardivement et… très résumé. En cours de route, l’essentiel a donc été oublié : l’autre source de contamination. »
Source permanente de contamination
Or, Air-LR écrit à son tour, dans son rapport : « Certaines concentrations de TPH (hydrocarbures, NDLR) et de BTEX (benzène) ont été enregistrées en l’absence d’excavations sur le chantier, la nuit et en weekend. Plusieurs hausses significatives sont détectées … alors qu’il n’y a pas d’activité sur le chantier. Elles sont corrélées avec la présence de vent du sud ».
Considérant que les conclusions d’Analytika et celles d’Air-LR se recoupent, Action risque zéro Frontignan, estime qu’« il existe une source permanente de contamination de l’air au sud de Frontignan avec des produits potentiellement dangereux. Pourquoi les administrations d’État demeurent-elles silencieuses depuis la publication de ces études ? Chercheraient- elles à protéger une activité essentielle pour le port de Sète en évitant d’arbitrer entre économie et santé publique ? » La question mérite, en effet, d’être posée et, surtout, qu’on y réponde.
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