Le Messager (Faucigny) | Article de

Quelques semaines après la publication d’un rapport qui fait état « de teneurs très élevées en métaux lourds » dans des poussières collectées au sol à Passy, la demande de transparence quant à l’air que l’on respire dans la vallée se fait de plus en plus insistante.
Cet hiver se déroule dans un climat plus serein que l’an dernier. Mais la problématique de la pollution reste, bien sûr, au cœur des préoccupations, dans la vallée de l’Arve. Il y a quelques mois, la mobilisation de la population avait marqué les esprits. Aujourd’hui, alors qu’une citoyenne a commandé des analyses à un laboratoire basé dans le Var pour mesurer la qualité de l’air, la population réclame plus de transparence concernant les études et les relevés qui sont menés sur le territoire.
1. Des plaintes déposées contre X à Chedde
Témoin de cette mobilisation citoyenne, une trentaine de personnes s’est réunie, samedi 10 février, devant la brigade de gendarmerie de Chedde, afin de procéder à un dépôt de plainte qui sera transmis au procureur de Bonneville pour le motif suivant : Mise en danger d’autrui, risque immédiat de mort ou d’infirmité par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence. « Ce sont des plaintes contre X, précise l’une des membres du collectif Coll’ Air Pur , à l’origine de cette action. Notre objectif, c’est de faire bouger les choses, d’avoir des analyses plus larges. »
2. Des mesures qui sont jugées insuffisantes
Certains élus demandent aussi plus de clarté. C’est le cas de Nicolas Evrard, maire de Servoz. « Cela fait plus d’un an que nous demandons plus de transparence. Le problème n’est pas Atmo, qui fait un travail de qualité, mais plutôt les mesures que l’on met en place et qui sont insuffisantes. Le cœur d’action du Plan de protection de l’atmosphère, sur volonté préfectorale, c’est la mesure des PM10 mais cela ne suffit plus. » Pour les composés organiques volatils (COV), les analyses rendues publiques par Coll’ Air Pur font état de la présence de six COV dans la vallée. « Ils sont tous toxiques mais il n’y a pas eu d’analyses depuis 2012 pour les tracer, dénonce le collectif. La plupart de nos élus et Atmo se réfugient derrière la législation alors qu’il faudrait aussi mesurer les PM2.5 qui sont plus dangereuses pour l’organisme. »
3. L’effet cocktail inquiète bien plus que les seuils
L’effet cocktail est aussi sur toutes les lèvres pour exprimer les inquiétudes des habitants de la vallée. Jean-Luc Jaffrezo, chercheur au CNRS, remet en cause le rapport Analytika (Voir ci-dessous) mais souligne aussi le danger du phénomène. « Il est clair que c’est la multiplicité des expositions qui crée le danger, que les mélanges inhalés sont plus dangereux que la somme de ses composants. » D’où la demande toujours plus insistante de la population pour que soient mesurées toutes les matières qui composent l’air que l’on respire.
Un rapport qui pose question mais ouvre des pistes de réflexion

Le rapport Analytika, du nom du laboratoire qui avait effectué les analyses d’air et de poussières collectés à Passy, a eu le mérite d’apporter un autre regard sur la pollution dans la vallée de l’Arve. L’institut varois relevait notamment que « les teneurs très élevées en métaux lourds mesurées dans les poussières collectées au sol (étaient) particulièrement alarmantes. »
Mais la validité scientifique de l’étude laisse plus que dubitatif Jean-Luc Jaffrezo, directeur de recherche à l’Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble. « Concernant les aspects de représentativité, c’est n’importe quoi. Pour les analyses de métaux en traces, le rapport est un peu plus valable d’un point de vue technique mais, quand on fait un travail sérieux, on compare les résultats avec d’autres lieux. Ça m’a pris cinq minutes pour trouver d’autres études de sol pour les métaux lourds et elles sont identiques. Ce sont des constituants naturels du sol, hormis peut-être pour le zinc plus présent qu’ailleurs. »
Le rapport relève aussi la présence de composés organiques volatils pour lesquels aucune étude récente existe pour la vallée. Le rapport, avec ses lacunes, demeure ainsi intéressant pour ouvrir d’autres pistes de réflexion et avoir une meilleure vue sur la composition de notre air.
En octobre 2017, le site Brut sortait une vidéo sur la pollution dans la vallée de l’Arve :
Les capteurs à Servoz ont été commandés
Servoz va se doter de capteurs afin de mesurer la qualité de l’air sur la commune. « Ils viennent d’être commandés, souligne le maire, Nicolas Evrard. L’idée, c’est d’aller chercher des éléments complémentaires par rapport à ce que mesure Atmo. » Ce sont des capteurs provenant du laboratoire Analytika, basé dans le Var, et qui avait analysé des échantillons sur commande d’une citoyenne de la vallée. Combloux et Domancy pourraient suivre rapidement.
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