Revue de presse pour l'année 2016

Lubéron : Les abeilles victimes d’un mal mystérieux

Vaucluse Matin | Article de Brice Théate

 

La Bastidonne| Un mal mystérieux a frappé plusieurs ruches le 29 mars 2016 dans le vallon du Réal (Lubéron).

 

Aux confins du Vaucluse, le vallon du Réal étend sa verdure et ses champs sur quelque cinq kilomètres de sérénité. Un havre de paix situé à La Bastidonne, en plein cœur du parc naturel régional du Lubéron. Nous sommes le 29 mars 2016, il est 14 heures. Le silence du vallon est entrecoupé par les braiements d’un âne. En compagnie de deux chevaux de trait, il broute tranquillement sur les terres de Marc et Shirine Salerno. Le couple de paysans vignerons produit vin, jus de raisins et vinaigre sans aucun traitement chimique.

 

Marc, le visage buriné par le soleil de Provence, passe en revue ses arbres fruitiers. Puis sa ruche. Des abeilles s’y agitent par milliers. Tout est pour le mieux dans l’exploitation des Salerno. En fin d’après-midi, Marc repasse devant sa ruche. C’est l’hécatombe : des milliers d’abeilles gisent sans vie. « C’est l’incompréhension, lance Shirine, yeux bleus pétillants et voix mellifère. Cela fait quatre ans que nous avons cette ruche et nous n’avons jamais rencontré de problèmes. »

 

« Nous n’utilisons aucun produit chimique »

 

À quelques encablures de la ferme des Salerno réside Bernard Zanda, un apiculteur amateur, qui partage son temps entre le Lot et le Lubéron. La mort a également frappé ses abeilles. « J’ai perdu deux ruches sur les sept que je possède. Mais c’était des abeilles déjà affaiblies… » Encore plus loin, chez Jean-Louis Joseph, exploitant et ancien maire de La Bastidonne, d’autres abeilles sont passées de vie de trépas. « J’héberge chez moi un ancien collaborateur qui a plusieurs ruches : les trois-quarts d’un essaim sont morts. »

 

Comment expliquer la mort soudaine de plusieurs milliers d’abeilles en quelques heures ? « Nous n’utilisons aucun produit chimique, affirme Shirine Salerno. Nos produits respectent le label Nature & progrès, encore plus strict que le label AB [agriculture biologique : N.D.L.R.]. Notre but est de récréer une biodiversité où tous les éléments interagissent ensemble. » Les deux autres exploitations du vallon du Réal sont celles de Jean-Louis Joseph et du centre d’aide par le travail pour autistes. Et toutes deux respectent le label AB. Le mystère demeure entier, bien que plusieurs hypothèses aient été levées.

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La guerre de l’air à Imphy

Le Lanceur| Article de Daphné Gastaldi / We Report

En quelques mois, les citoyens d’Imphy et de Sauvigny-les-Bois ont brisé l’omerta sur l’envol de poussières chargées de métaux lourds, dans ce coin de la Nièvre. Les particules proviennent du site d’Harsco Minerals, une multinationale qui recycle le terril de l’aciérie d’Imphy pour en extraire du nickel ou des terres rares convoitées. Alerté par les problèmes de santé des riverains, le collectif Stop Pollutions vient de faire analyser ces particules fines. Les résultats, qui serviront de preuves dans leur action en justice, Le Lanceur a pu les consulter.


Excusez notre ami, il a dû partir à Paris pour des examens pulmonaires poussés”, lance Roger Martin avant d’ouvrir la réunion, dans la salle des associations d’Imphy (Bourgogne). Un soupir circule autour de la table, en ce samedi après-midi. Il faut dire qu’ils ont l’habitude, ces anciens salariés de l’aciérie. Depuis des années, ils voient tomber leurs collègues de l’usine, touchés par différents cancers liés à l’amiante.


Dans le quartier où se trouve le terril de l’usine, on s’inquiète de la qualité de l’air, des surinfections bronchiques chez les enfants ou de problèmes de thyroïde chez les femmes du voisinage. Même si plus rien ne semble étonner les citoyens de cette commune d’environ 3 000 habitants qui s’est forgée autour des Aciéries d’Imphy, appelées aujourd’hui Aperam et détenues en grande partie par la famille Mittal.


En revanche, s’ils ont subi de plein fouet les ravages de l’amiante, ils ne supporteront pas un scandale sanitaire de plus. Depuis des mois, une vingtaine de citoyens réunis au sein du collectif Stop Pollutions dénoncent les rejets de poussières toxiques dans la ville, en provenance du terril exploité par Harsco Minerals.


C’est en 2009 que la multinationale s’est implantée sur le terril d’Imphy, alors inerte et végétalisé, avec l’autorisation de la préfecture de Nevers et l’accord d’Aperam, pour y recycler les “laitiers”, c’est-à-dire la matière de recouvrement utilisée lors de la fonte du métal contenant de la chaux, de la silice ou encore de l’oxyde de chrome. Depuis, Harsco Minerals a traité tout le crassier (autre nom du terril) historique et recycle désormais les nouveaux laitiers des fours d’Imphy, mais aussi d’autres usines en France. En tout, il y aurait déjà eu près de 600 000 tonnes broyées et filtrées sur place, selon la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Mais, en traitant ces déchets pour en extraire des métaux à forte valeur marchande, de fines particules s’envolent dans l’atmosphère sur les communes d’Imphy et Sauvigny-les-bois.

 

« On n’est plus dans les Trente Glorieuses, ça suffit. On ne devrait pas trouver des phtalates dans l’air que respirent les citoyens »

 

Pour prouver cette pollution, les riverains ont décidé d’ouvrir leurs systèmes de ventilation, de racler leurs pare-brise… pour récupérer eux-mêmes la poussière qui s’incruste dans leurs maisons et la faire analyser.

 

“Je suis indigné quand je vois les résultats, souffle de l’autre côté du combiné Bernard Tailliez, dans son laboratoire indépendant, Analytika, à Cuers (Var). On n’est plus dans les Trente Glorieuses, ça suffit. On ne devrait pas trouver des phtalates et des terres rares dans l’air que respirent les citoyens.”

 

Le directeur de ce laboratoire privé qui a fait les analyses s’inquiète de la présence de trois phtalates, reconnus comme des perturbateurs endocriniens, surtout le DEHP. “Nos rapports analytiques mettent en évidence la présence de très nombreux polluants à de fortes concentrations dans les poussières aéroportées induites par une activité industrielle autorisée. Ils démontrent donc que les pouvoirs publics n’ont pas satisfait à l’obligation que leur impose l’article 5 de la Charte constitutionnelle de l’environnement*”, commente-t-il.

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