25-11-2010
À la demande de l'association citoyenne "Les Buttes à Morel" relayant les inquiétudes des habitants du voisinage de la vétuste usine SNEM (Société Nouvelle d'Eugénisation des Métaux) implantée à Montreuil en zone urbaine à proximité du Parc des Guillands et du stade municipal), le centre Analytika a conduit une campagne de prélèvements d'air et de terre potentiellement pollués, avec dépistage systématique GC/MS des contaminants chimiques organiques éventuellement présents.
Nos investigations (voir ci-dessous) ont apporté dès 2011 la preuve scientifique :
Comme en témoignent les tables d'évaluation du risque chimique du rapport analytique ci-dessous, l'investigation conduite par le Centre Analytika a relevé la présence d'une multitude de contaminants chimiques organiques toxiques différents dans l'air atmosphérique et dans les sols à proximité immédiate de l'usine, parmi lesquels figurent plusieurs molécules cancérigènes et perturbateurs endocriniens.
Depuis septembre 2011 (cf. ci-contre), la préfecture de Seine Saint-Denis s'obstine à nier l'existence de la contamination chimique induite par les activités industrielles du site SNEM-Montreuil, au mépris des preuves scientifiques portées à leur connaissance par les investigations du Centre Analytika, et des plus légitimes protestations de la population directement concernée.
Inexplicablement tolérée par les autorités (en dépit des nombreuses manifestations populaires d'opposition) l'activité actuelle de SNEM-Montreuil laisse donc s'échapper dans l'environnement de forts résidus de nombreux contaminants chimiques organiques toxiques dans les sols et dans l'air au voisinage du terrain qu'elle occupe en centre ville.
Préoccupante pour la santé de l'ensemble des habitants d'une zone urbaine aussi fortement peuplée, cette situation est véritablement alarmante en ce qui concerne les enfants de l'école primaire Anne Franck, très proche.
Dans le communiqué de presse ci-contre, les services de la préfecture de Bobigny s'appuient sur les contrôles réalisés récemment à l'intérieur et à proximité du site SNEM, respectivement :
pour délivrer un message rassurant, alors que ces contrôles n'ont porté que sur un nombre très restreint de paramètres, sans commune mesure avec les soixante (60) contaminants révélés par les investigations du centre Analytika, dont ils ont pourtant connaissance depuis septembre 2011 (cf. ci-dessus).
Implantée à Montreuil depuis 1972, ce n'est que vingt ans plus tard que le caractère particulièrement polluant de l'activité de traitement de surfaces de la SNEM a nécessité l'obtention d’un arrêté préfectoral (émis le 16 décembre 1992 et complété le 19 novembre 2007) autorisant et encadrant l'exploitation du site.
Les documents fixant les normes et limites d’émissions de substances toxiques de l'activité de la SNEM ne sont accessibles sur aucun des sites web que l'administration est pourtant supposée tenir à jour afin d'assurer son devoir d'information du public.
Après la cessation des activités industrielles polluantes de cette vétuste usine, l'exploitant devra conduire -en principe à ses frais- les travaux appropriés de réhabilitation des sols contaminés, de sorte que la municipalité puisse ré-affecter ce terrain à d'autres activités.
Politis | Article de Vanina Delmas et Ingrid Merckx
Pollution| À Montreuil, des citoyens défient les pouvoirs publics et des géants industriels pour protéger la population à proximité d’une usine vétuste et utilisant des produits dangereux, dont le chrome VI.
Des habitants d’un quartier de Montreuil (Seine-Saint-Denis) interpellent les pouvoirs publics pour faire fermer la Société nouvelle d’eugénisation des métaux (Snem). Située entre trois établissements scolaires, en face d’un centre médical pour autistes, derrière un parc classé Natura 2000 et à proximité du futur collège-internat, l’usine est spécialisée dans le traitement de surface de pièces métalliques destinées à l’aéronautique. Quels produits sont utilisés derrière ces murs recouverts de tôle verte ? Quels risques pour les salariés et la population voisine de cette usine ? Ces questions qui perturbent le quartier, la mairie et les services de l’État depuis septembre se posent depuis plus de dix ans. L’affaire de « l’usine verte » met en évidence un certain nombre de négligences – sinon d’incompétences – et met en cause deux mastodontes de l’industrie : Safran et Airbus. Focus sur les différents chapitres d’une histoire à rebondissements.
Politis | Article de Vanina Delmas
Pollution| Des riverains et des parents d'élèves de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, se mobilisent pour demander la fermeture d'une usine de produits chimiques à proximité des écoles du quartier.
« Nous habitons dans le quartier depuis des années, mais je n’avais jamais fait attention à elle ! Je pensais même qu’elle était à l’abandon », s’exclament tour à tour les habitants d’un quartier résidentiel de Montreuil, à quelques pas de la place du Marché. Elle, c’est l’usine de la Société nouvelle d’eugénisation des métaux (Snem), décapant quotidiennement des pièces mécaniques d’avions dans des cuves d'acides pour les mastodontes de l’aéronautique Airbus et Safran.
Figée depuis des décennies à l’angle de la rue des Messiers et de celle des Guilands, elle semble s’être fondue dans le décor et son état extérieur laisse penser qu’elle est fermée : gouttières cassées, toit en brique affaissé, cheminées vétustes, crépi qui s’effrite… Même la végétation commence à reprendre ses droits sur le bâtiment. Pourtant, elle est bien en activité. L’odeur âcre qui s’en échappe pique les narines. Des liquides colorés ruisselant dans la rue quand il pleut interpellent quelques riverains, notamment Nicolas Barrot, le président de l’association de quartier des Buttes à Morel.
Regards.fr | Article de Manuel Borras
Accusations de pollution de l’air et du sol, cas de leucémie dans le voisinage, mobilisation de riverains et de parents d’élèves, importante couverture médiatique... C’est l’effervescence depuis le 1er juillet autour de l’usine gérée par la SNEM.
Les tensions grandissent et la confusion règne dans le quartier Etienne-Marcel-Chanzy, à Montreuil. Un épisode de discussions âpres entre employés et riverains a été rapporté cet après-midi, lors de l’évacuation de bidons des entrepôts de la SNEM, deux jours après que la préfecture l’a averti d’une imminente « inspection approfondie » de ses installations.
Éclairages sur un conflit de long terme
"L’usine verte", de la couleur de ses façades, est exploitée depuis 1972 par la Société Nouvelle d’Eugénisation des Métaux (SNEM). Située au 34 rue des Messiers, à Montreuil, elle traite des pièces mécaniques d’aviation pour Airbus et Safran.
Une pollution sous contrôle préfectoral
À une soixantaine de mètres de là, l’école primaire Jules-Ferry accueille plus de trois cents élèves. La maternelle-Anne Frank, à environ quatre cents mètres à vol d’oiseau, une centaine. Le
futur collège intercommunal de Montreuil-Bagnolet devrait, lui, ouvrir ses portes en 2018, et jouxter la rue des Messiers par une de ses façades. Enfin, juste au nord, le Parc Jean-Moulin-Les
Guilands déploie ses vingt-six hectares, intégrés depuis 2006 au réseau Natura 2000 [1].
Le Monde | Article de Stéphane Mandard
Après un nouveau cas de leucémie, les parents d'élèves demandent la fermeture d'une installation classée.
« C'est soit l'usine, soit l'école ! , prévient Nicolas Barrot. Si elle n'est pas fermée cet été, on n'y mettra pas nos enfants à la rentrée. On s'organisera pour prendre trois ou quatre élèves chacun à la maison. » L'ultimatum est le cri de colère d'un père inquiet et excédé. Nicolas Barrot préside l'association Les Buttes à Morel, qui rassemble 600 riverains, dans le nord-ouest de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Depuis la terrasse de son appartement, il a une vue imprenable sur « l'usine verte », comme on l'appelle dans le quartier. Mais il ne peut pas toujours en profiter, à cause de l'odeur âcre qui se dégage de la bouche d'aération principale du site, qui crache du matin au soir, sous les fenêtres d'un centre d'accueil médicalisé pour autistes.
Posé à l'angle de la rue des Messiers et de celle des Guilands, en pleine zone résidentielle, cet entrepôt vétuste – un trou béant défigure la façade nord, juste au-dessous de l'extracteur – est à une cinquantaine de mètres à l'ouest du groupe scolaire Jules-Ferry : deux écoles élémentaires et une maternelle qui regroupent 700 élèves.
Pièces mécaniques d'avions
L'« usine verte » doit son sobriquet à la couleur de la tôle qui recouvre ses murs, et non au fait qu'elle est installée en bordure du parc des Guilands, classé en zone Natura 2000 avec sa friche propice à la reproduction des oiseaux. Ce qu'ignorent la plupart des habitants du quartier, c'est que « l'usine verte » est une installation classée pour la protection de l'environnement. En clair, elle peut présenter des dangers ou des inconvénients pour la santé ou la sécurité de son voisinage. L'entreprise qui l'exploite, la Société nouvelle d'eugénisation des métaux (SNEM), traite des pièces mécaniques d'avions contre la corrosion pour Airbus et Safran. Selon les données du Registre des émissions polluantes, elle a déclaré produire plus de 37 tonnes de « déchets dangereux » en 2015.
Les élèves de CM2 de Jules-Ferry ont en revanche tous remarqué qu'un de leur camarade manque à l'appel depuis plusieurs semaines. Le copain de classe du fils de M. Barrot, qui habite rue des Messiers, en face de l'école, est entré à l'hôpital Trousseau début juin. Les médecins ont diagnostiqué une leucémie aiguë myéloblastique promyélocytaire (LAM 3). Une leucémie rare chez les enfants, qui touche la mœlle osseuse.