La Provence | Article de
Audrey Savournin

Créée en 1976 à deux pas du 15e arrondissement de Marseille, la décharge Valsud de Septèmes-les-Vallons est une Installation de stockage des déchets non dangereux (ISDND). En clair, un centre d’enfouissement de 54 ha exploité par Veolia Environnement dans le cadre d’une convention avec la mairie de Septèmes, propriétaire du terrain, à qui est versé un loyer annuel d’environ 1million d’euros.
Recevant au départ 4000 tonnes de déchets septémois par an, elle recueille aujourd’hui 250.000 tonnes, provenant à 25% d'autres départements contre 60% ces dernières années, après un arrêté limitatif. Et les 150 camions qui s’y rendent chaque jour le font par les quartiers nord de Marseille. Au grand dam des riverains qui, au-delà des nuisances, estiment que ce tracé est dangereux et que cette installation fait courir un risque sanitaire à un large bassin de population.
Sans être entendus jusque-là. Le plan de prévention et de gestion des déchets non dangereux approuvé en décembre dernier par le département, après une enquête publique contestée, a prolongé la vie de Valsud de 2022 à 2026.
Les riverains désespèrent de voir fermer le site dont la durée de vie a été prolongée à 2026.
La décharge Valsud de Septèmes, exploitée par Veolia Environnement, fermera-t-elle en 2026 ? Avant ? Après ? Les membres de l’ACDSV (Association contre la décharge de Septèmes-les-Vallons) se le demandent avec de plus en plus d’insistance. Car au-delà du va-et-vient des poids-lourds et des mauvaises odeurs persistantes, ils dénoncent depuis plusieurs années un "risque sanitaire" pour la population des quartiers nord de Marseille comme de Septèmes.
D’autant que des prélèvements réalisés pour l’ACDSV fin 2011 par le laboratoire Analytika pointent la présence, sans la quantifier, de nombreux polluants dans l’air et l’eau aux abords du site. En particulier du benzène qui "inquiète vraiment" Bernard Tailliez, qui a effectué les analyses. "On parle d’un agent mutagène, cancérigène et reprotoxique !" s’emporte-t-il. "On a nous aussi retrouvé des polluants (Ndlr: Veolia a également fait faire des analyses) mais inférieurs aux seuils tolérés", tempère Frédéric Clément, le directeur de Valsud, qui estime en outre tout mettre en œuvre pour limiter les émissions de gaz.
Et si c’est insuffisant pour les riverains, cela semble convenir au conseil départemental puisque le plan de prévention et de gestion des déchets non dangereux qu’il a adopté en décembre dernier, sous l’ère Guérini, prolonge la durée de vie de Valsud de 2022 à 2026… Sans que Veolia n’ait (encore?) rien demandé. "Nous avions estimé la saturation du site à mars 2022 mais on a pris du retard sur le remplissage donc on pourrait aller au-delà. S'il reste de la place d’accord, mais ce n’était pas notre objectif", assure Frédéric Clément.
Est-ce à dire que la place pourrait manquer d’ici 2026 ? Ou au contraire qu’il pourrait en rester à cette échéance ? "Les calculs sont toujours en cours. Tout est à regarder." La seule demande effectuée à ce jour porte sur la valorisation de 120.000 tonnes de mâchefers, dont une partie servirait à recouvrir les déchets. Une obligation quelque peu négligée à en croire l’ACDSV qui dénonce le choix d’un matériau potentiellement polluant en lieu et place de simple terre… Et qui n’en voit plus la fin. D’autant qu’"une fois fermée, ça restera une décharge pendant encore 30ans…", le temps de la "post-exploitation", rappelle son président Daniel Piéri.
"C’est du business, estime le député Henri Jibrayel (PS), tant que ça tombe, on prolonge. C’est à l’État de prendre ses responsabilités." Ce que réclame aussi la sénatrice maire des 15e et 16e Samia Ghali (PS) qui a sollicité la ministre de l’Environnement. Après une réunion avec un conseiller de Ségolène Royal et l’ACDSV en décembre, deux ingénieurs ont été missionnés sur place pour enquêter sur les problèmes environnementaux comme de sécurité que pose l’exploitation de la décharge. À commencer par l’itinéraire emprunté par les camions dans les quartiers Nord, qui pourrait être revu via Septèmes. L’ACDSV attend également une rencontre avec le préfet.
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