La qualité de l’air dans la vallée de l'Arve s’améliore mais encore trop lentement : Une singularité qui échauffe certains esprits critiques

Le Dauphiné Libéré (Haute-Savoie)| Article de Philippe Vachey

MONT-BLANC | La qualité de l’air s’améliore mais encore trop lentement.

 

Une singularité qui échauffe certains esprits critiques


Pour la qualité de l’air, il y aurait donc la vallée de l’Arve et le reste de la région ? C’est en substance ce que vient de confirmer la dernière communication diffusée par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. Dans son ultime livrée publique en date du 26 février, l’observatoire régional de la qualité de l’air se félicite en effet des améliorations globales constatées en 2017.

 

Une colère latente sur les réseaux sociaux

 

Décourageant ? Au contraire ! « Il n’y a aucune fatalité », martèle Eric Fournier, président d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes. Résidentiel, industrie, transports : « Nous agissons pour traiter chaque problématique simultanément, non pas pour être dans les normes mais tout simplement pour respirer un air pur. Mais l’État doit nous accompagner en prenant ses responsabilités car nous, élus locaux, prenons pleinement les nôtres ».

 

Une pugnacité qui tranche avec la lassitude de certains. Pour les associations locales, en effet, l’inertie (ou supposée telle) n’a que trop duré. « J’ai peur que cela finisse mal », glisse Alain Nahmias (Association pour le respect du site du Mont-Blanc). « La problématique des rejets industriels polluants exaspère les gens. Regardez ce qui se dit sur les réseaux sociaux. C’est rude. Les gens sont à cran : il n’est pas exclu que certains d’entre eux passent à l’acte… »

 

Pour Jean-Albert Lagarruigue (Association pour la qualité de vie à Passy), la tension aussi est palpable. « La population en a marre. Mais cela ne sert à rien d’aller au clash, même si je peux comprendre que certains soient dubitatifs… » Un doute qui pourrait prendre le chemin des prétoires suite au dépôt de plainte déposé le 10 février dernier au commissariat de Passy par le collectif Coll’air pur. Une initiative sans nul doute mieux calibrée pour répondre à la demande de « transparence » émanant des défenseurs de la vallée.

Atmo Auvergne Rhône-Alpes : une légitimité qui n’est pas remise en question mais qui interroge les représentants associatifs

La question mérite d’être posée. Elle l’est donc. « Légitime Atmo Auvergne Rhône-Alpes ? Je le pense : c’est un interlocuteur incontournable », indique Alain Nahmias, président de l’Association pour le respect du site du Mont-Blanc (ARSMB). Pour autant, pas question de donner un blanc-seing à l’observatoire régional. « Atmo doit être objectif. Cela ne sert à rien de rassurer pour rassurer. Atmo nécessite plus de transparence et plus de moyens, c’est indispensable. »

 

Des chiffres faussés

 

Du côté du collectif Coll’air pur, Atmo aussi suscite un sentiment partagé. La preuve : c’est à la demande du collectif qu’un laboratoire indépendant (Analytika) a procédé à une étude parallèle sur la pollution dans la vallée l’été dernier. Une initiative écocitoyenne révélatrice d’un profond malaise. « Atmo fait du bon travail mais ne se concentre que sur les PM 10 (particules fines inhalables, Ndlr) puisque c’est la norme en la matière. Or il faudrait analyser les PM 2,5, voire les PM1 qui sont plus néfastes et ne sont pas mesurées ! », déplore Muriel Auprince (Coll’air pur). À ce titre, celle-ci dévoile des statistiques plus pertinentes à ses yeux : 11 jours de dépassement pour les PM 2,5 en février, c’est à dire au-dessus des 25 μg/m³ en moyenne sur 24 heures préconisés par l’OMS. Ajoutez-y 10 en janvier et 15 en décembre 2017. « Alors même que l’OMS ne donne pas plus de trois jours de dépassement par an pour les PM 2,5. Le communiqué d’Atmo peut donc faire rire (jaune)… »

 

L'Info en +

 

DU BON ET DU MOINS BON Selon Atmo Auvergne Rhône-Alpes, l’année 2017 marque un tournant historique à l’échelle régionale puisque le seuil de particules inhalables (PM 10) qui dépassait historiquement chaque année les 35 jours autorisés à plus de 50 μg/m³ n’a pas été atteint l’année dernière. Un satisfecit qu’il convient toutefois de tempérer puisque deux polluants continuent de dépasser les valeurs fixées par la réglementation : le dioxyde d’azote et l’ozone. Par ailleurs Atmo AURA reconnaît que ces bons chiffres d’ensemble sont notamment dus « à des conditions météorologiques clémentes vis-à-vis des épisodes de pollution. »

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